L’administration de médicaments par un secouriste : ce qu’il faut savoir
Ce qu’il faut comprendre et respecter en milieu de travail
Lorsqu’un incident survient en milieu de travail, la rapidité d’intervention d’un secouriste peut faire toute la différence entre une blessure mineure et une urgence grave. Toutefois, il est essentiel de bien connaître les limites du rôle du secouriste afin de protéger à la fois la victime et l’intervenant.
L’une des règles fondamentales du secourisme est la suivante : un secouriste n’est pas autorisé à diagnostiquer ni à administrer de médicaments. Son champ d’action se limite à des gestes de premiers secours non médicaux, jusqu’à la prise en charge de la victime par des professionnels de la santé.
1. Le cadre légal et réglementaire
Au Québec, le Règlement sur les normes minimales de premiers secours et de premiers soins (chapitre A-3.001, r. 10) fixe les obligations des employeurs et le rôle des secouristes en entreprise.
Un secouriste doit détenir un certificat valide de secourisme en milieu de travail, délivré par un organisme reconnu par la CNESST. Cette formation — d’une durée de 16 heures pour le secourisme de base ou 40 heures pour le secourisme avancé (secteur forestier) — vise à enseigner les gestes essentiels pour :
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évaluer la condition d’une victime ;
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assurer la sécurité du lieu ;
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maintenir les fonctions vitales (respiration, circulation) ;
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traiter ou contrôler une plaie, une brûlure, une fracture ou une hémorragie ;
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assurer la surveillance de la victime jusqu’à l’arrivée des secours.
Aucune de ces compétences n’autorise le secouriste à prescrire, offrir ou administrer un médicament, que ce soit sous forme de comprimé, de crème, de vaporisateur ou d’injection.
Cette responsabilité relève exclusivement des professionnels de la santé, tels que les infirmières, infirmiers, paramédics ou médecins, formés pour évaluer l’état clinique d’une personne et juger de la pertinence d’un traitement.
2. Pourquoi l’administration de médicaments est interdite
Un médicament, même banal en apparence, peut comporter des risques graves lorsqu’il est donné sans avis médical : réactions allergiques, interactions, erreurs de dosage ou aggravation de l’état de santé.
Par exemple :
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Donner un analgésique (comme de l’ibuprofène) à une personne allergique peut provoquer un choc anaphylactique.
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Administrer un antihistaminique à quelqu’un souffrant d’un problème cardiaque peut aggraver sa condition.
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Utiliser un onguent antibiotique sur une plaie mal nettoyée peut retarder la guérison ou masquer une infection.
Le secouriste, n’étant pas formé en pharmacologie, n’a pas les connaissances nécessaires pour évaluer ces risques. Il pourrait donc, malgré ses bonnes intentions, causer un préjudice à la victime et s’exposer à une responsabilité civile en cas de complication.
En outre, selon la Loi sur les infirmières et les infirmiers et la Loi médicale, l’administration d’un médicament constitue un acte réservé aux professionnels autorisés.
Ainsi, même offrir un médicament en vente libre (aspirine, acétaminophène, etc.) est considéré comme une intervention médicale non autorisée.
3. Les seules exceptions encadrées
Certaines situations exceptionnelles permettent une aide indirecte, sans que le secouriste administre le médicament lui-même :
a) Auto-administration par la victime
Si la victime possède un médicament prescrit pour elle (par exemple un auto-injecteur d’épinéphrine pour les allergies graves, ou un inhalateur pour l’asthme), le secouriste peut aider la personne à le prendre elle-même, en la guidant verbalement ou en préparant le dispositif, sans jamais le déclencher ni le donner directement.
Cette aide est autorisée, car le médicament appartient à la victime et a été prescrit spécifiquement pour son usage personnel.
b) Secteurs isolés (travail en forêt, chantiers éloignés)
Dans certains contextes éloignés de plus de 30 minutes d’un service préhospitalier, la CNESST autorise la formation de secouristes avancés en forêt, incluant l’apprentissage de la manipulation d’un auto-injecteur d’épinéphrine.
Même dans ce cas, la pratique est encadrée : le médicament doit être identifié, conservé dans une trousse spécifique et utilisé uniquement dans des situations de danger vital immédiat (choc anaphylactique).
Le secouriste doit ensuite documenter son intervention dans le registre de premiers secours et aviser les services d’urgence.
4. Les bonnes pratiques à retenir
Pour garantir la sécurité et la conformité aux normes, tout secouriste doit :
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Ne jamais entreposer de médicaments dans la trousse de premiers soins, sauf ceux explicitement autorisés par la réglementation (comme l’épinéphrine en milieu isolé).
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Informer rapidement le 911 ou les services de santé au travail dès qu’une victime requiert une intervention médicale ou médicamenteuse.
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Encourager la victime à utiliser ses propres médicaments prescrits, si elle est en mesure de le faire.
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Protéger la victime par des gestes sécuritaires : position de confort, surveillance des signes vitaux, gestion du choc, contrôle des saignements.
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Remplir le registre de premiers secours après chaque incident, en décrivant fidèlement les gestes posés, conformément à l’article 15 du Règlement A-3.001, r. 10.
Ces pratiques protègent à la fois la santé de la victime et la responsabilité du secouriste.
5. Le rôle du secouriste : une mission essentielle mais bien délimitée
Le secouriste est un maillon vital de la chaîne de survie en entreprise. Il agit immédiatement pour stabiliser la situation, prévenir la détérioration et préparer la venue des secours professionnels.
Son efficacité dépend de sa capacité à respecter les limites de son rôle : agir vite, mais sans poser d’actes médicaux.
C’est précisément cette rigueur qui assure la crédibilité du secouriste et la confiance de ses collègues.
Conclusion
L’administration de médicaments ne fait pas partie des compétences d’un secouriste, et cette règle vise avant tout à protéger la santé et la sécurité des travailleurs.
Le secouriste n’est pas un professionnel de la santé : il est un premier répondant formé à sauver des vies par des gestes simples, sécuritaires et efficaces.
Son rôle n’est pas de soigner une maladie, mais d’assurer la survie, la stabilité et la transmission rapide de l’information aux intervenants médicaux.
En respectant les limites de sa formation et en intervenant avec calme et méthode, le secouriste demeure l’un des piliers de la prévention en milieu de travail au Québec.
Sa vigilance, son discernement et son sens des responsabilités font de lui un acteur indispensable de la sécurité collective.
⚠️ Rappel : Aucun médicament — même en vente libre — ne doit être conservé ou administré dans une trousse de premiers soins d’entreprise.
Seuls les produits autorisés (désinfectants, antiseptiques, pansements, compresses, etc.) peuvent y figurer, conformément à la norme CAN/CSA Z1220-17 et aux exigences de la CNESST.
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Pour plus d'informations sur les premiers secours en milieu de travail et les exigences de la CNESST, vous pouvez également consulter le site web de la CNESST : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/prevention-securite/secourisme-en-milieu-travail/materiel-premiers-secours
