
La déshydratation
La déshydratation se produit lorsque l’organisme perd plus de liquide qu’il n’en absorbe. Chez les travailleurs et travailleuses du Québec – qu’ils œuvrent en forêt, sur les chantiers, dans les usines chaudes ou tout simplement à l’extérieur lors des canicules – elle demeure une cause fréquente de malaise et d’accidents secondaires, car elle diminue l’endurance, ralentit les réflexes et peut mener à des urgences médicales. Pourtant, il s’agit d’un problème évitable grâce à quelques mesures simples et à une bonne organisation de la santé et sécurité du travail.
1. Pourquoi restons-nous parfois « à sec » ?
Nos pertes hydriques proviennent surtout de la sueur (thermorégulation), de la respiration et de l’urine. Elles s’accroissent avec :
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La température ambiante : plus l’air est chaud ou humide, plus nous transpirons.
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L’effort physique (scier, pelleter, poser des bardeaux, etc.).
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La tenue de travail : vêtements étanches, équipements de protection (EPI) complets, gants de caoutchouc.
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Le métabolisme individuel : certaines personnes transpirent davantage ou ont une masse corporelle moindre.
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Des facteurs externes : manque de pauses, accès limité à l’eau, absence d’ombre ou de ventilation.
Lorsqu’on ne remplace pas rapidement ces pertes, le volume sanguin diminue, la température corporelle augmente et les cellules fonctionnent moins bien. On entre alors dans le continuum : soif ➜ déshydratation légère ➜ coup de chaleur potentiel.
2. Reconnaître les signes et symptômes
Gravité | Signes physiques | Signes comportementaux |
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Légère | bouche sèche, urine jaune foncé, petite fatigue | soif marquée, baisse de concentration |
Modérée | maux de tête, étourdissements, crampes musculaires, fréquence cardiaque augmentée | irritabilité, erreurs de jugement, baisse de productivité |
Sévère (urgence) | peau chaude et sèche ou sueur qui cesse brusquement, nausées/vomissements, confusion, perte de connaissance possible | propos incohérents, démarche titubante |
Dès les premiers symptômes modérés, il faut interrompre l’activité, se rafraîchir et se réhydrater ; en cas de signes sévères, composer le 911 et appliquer les protocoles de premiers secours de l’entreprise.
3. Prévenir avant d’assoiffer
Le guide Santé en forêt de la CNESST rappelle qu’« une bonne hydratation est essentielle au bon fonctionnement de l’organisme » et détaille plusieurs stratégies efficaces :
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Boire avant, pendant et après le travail
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Commencer la journée par 250 – 500 ml d’eau fraîche (12-15 °C).
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Pendant l’effort : 150 – 250 ml toutes les 15 – 20 minutes, même sans sensation de soif.
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Après le quart : reconstituer les pertes (urine claire = bon indicateur).
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Choisir les bons liquides
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Eau potable en priorité.
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Jus de légumes ou solutions électrolytiques pour restituer sodium et potassium après de longues sueurs.
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Limiter caféine, boissons énergisantes et alcool : effets diurétiques qui accentuent la déshydratation.
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Adapter l’alimentation
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Favoriser fruits et légumes riches en eau (pastèque, oranges, concombres).
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Prévoir des collations salées légères (bretzels, noix) pour compenser le sel perdu par la sueur .
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Modifier l’environnement de travail
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Créer des zones d’ombre ou des abris, installer des ventilateurs.
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Aménager des points d’eau à moins de 30 m des postes de travail (exigence minimale de la réglementation SST).
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Planifier les tâches physiques les plus intenses aux heures fraîches (avant 10 h et après 15 h l’été).
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Former et outiller le personnel
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Sensibiliser sur les risques liés à la chaleur et la conduite à tenir.
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Afficher les symptômes dans les vestiaires et les roulottes.
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Tenir un registre de consommation d’eau lors des vagues de chaleur pour les équipes à risque.
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4. Intervenir quand la soif ne suffit plus
Premiers secours :
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Éloigner la personne du soleil, l’installer à l’ombre ou dans un local climatisé.
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Desserrer les EPI et retirer les vêtements superflus.
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Appliquer des linges frais sur la nuque, les aisselles et l’aine.
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Faire boire lentement de petites gorgées d’eau tempérée ou de solution électrolytique.
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Surveiller la conscience et les signes vitaux.
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Appeler les services d’urgence si la température corporelle > 38,5 °C, s’il y a vomissements répétés, confusion ou perte de conscience.
Matériel recommandé dans la trousse de premiers soins : thermomètre digital, éventail manuel ou refroidisseur portatif, sels de réhydratation orale, serviettes absorbantes, sacs de glace instantanée.
5. Responsabilités de l’employeur et du travailleur
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Employeur : assurer un approvisionnement adéquat en eau potable, prévoir des pauses hydratation, adapter l’organisation du travail par forte chaleur et former le personnel, comme l’imposent la LSST et le Règlement sur la santé et la sécurité du travail (sections 75-79 sur la chaleur et l’accès à l’eau).
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Travailleur : appliquer les méthodes de prévention, signaler tout symptôme, utiliser les équipements de protection et participer aux formations.
6. Secteurs de travail les plus touchés
Au Québec, certains milieux sont particulièrement vulnérables à la déshydratation parce qu’ils exposent les travailleurs à une chaleur constante, à un effort physique soutenu ou à un accès limité à l’eau :
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Construction, aménagement forestier, horticulture et agriculture : le travail s’effectue souvent à ciel ouvert, sous un équipement de protection lourd, avec peu d’ombre naturelle. Ces secteurs concentrent la majorité des coups de chaleur recensés par la CNESST ; les chantiers routiers et les travaux sylvicoles d’été sont parmi les plus problématiques Accueil.
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Usines, fonderies, cuisines industrielles, boulangeries et blanchisseries : la chaleur rayonnante des fours, chaudières et presses élève la température ambiante bien au-delà des seuils recommandés, même durant l’hiver. Les rotations de poste et la ventilation deviennent ici des facteurs déterminants.
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Transport et entreposage : les caristes, camionneurs ou manutentionnaires peuvent rester de longues heures dans des cabines vitrées ou des quais non climatisés, où la température grimpe rapidement.
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Services d’urgence et de santé : pompiers, intervenants paramédicaux et préposés aux bénéficiaires en milieu hospitalier font des efforts intenses, parfois sous des blouses ou des équipements de protection complets, ce qui augmente la sudation et le risque de déplétion hydrique.
Identifier ces contextes à haut risque permet de cibler les programmes de prévention : pauses hydratation obligatoires, ajout de stations d’eau réfrigérée, ajustement des horaires et formation spécifique des superviseurs sur la gestion du stress thermique.
7. Conclusion
La déshydratation est insidieuse : elle débute par une simple soif et peut se transformer en coup de chaleur en moins d’une heure. En reconnaissant les signes précoces, en planifiant correctement l’hydratation et en créant des conditions de travail sécuritaires, entreprises et travailleurs du Québec peuvent éviter les interruptions de production, les accidents secondaires et, surtout, protéger leur santé. Boire adéquatement n’est pas qu’un geste de confort ; c’est une mesure de prévention au même titre que le casque ou les lunettes de sécurité. Rappelons-nous qu’un corps bien hydraté reste performant, vigilant et… en vie.
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Pour plus d'informations sur les premiers secours en milieu de travail et les exigences de la CNESST, vous pouvez également consulter le site web de la CNESST :