
La naloxone : un médicament vital contre les surdoses d’opioïdes
Qu’est-ce que la naloxone ?
La naloxone est un médicament d’urgence qui sert à renverser temporairement les effets d’une surdose d’opioïdes.
Elle agit rapidement en délogeant les molécules d’opioïdes des récepteurs du cerveau responsables de la respiration et de la conscience.
En quelques minutes, la respiration revient à un rythme normal et la personne peut reprendre connaissance.
Au Canada, elle est disponible sous deux formes :
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Injectable intramusculaire (comme l’épinéphrine pour les allergies graves) ;
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Vaporisateur nasal (NarcanMD 4 mg/0,1 mL), facile à utiliser sans formation médicale complexe.
Gratuite et offerte sans ordonnance dans la majorité des pharmacies québécoises, la naloxone est un outil de santé publique essentiel dans la lutte contre les décès liés aux opioïdes.
Un peu d’histoire
La naloxone a été découverte en 1961 par les chercheurs Jack Fishman et Mozes Lewenstein, alors qu’ils étudiaient des dérivés de la morphine.
Elle a été commercialisée en 1971 comme antidote spécifique aux opioïdes, d’abord utilisée en milieu hospitalier pour traiter les surdoses causées par la morphine et l’héroïne.
Durant les années 1990, avec la montée de l’usage d’analgésiques puissants comme l’oxycodone, la naloxone est devenue un outil de première ligne pour les équipes paramédicales.
Dans les années 2010, la crise du fentanyl a conduit les autorités de santé publique à rendre la naloxone disponible au grand public, afin que tout témoin d’une surdose puisse intervenir avant l’arrivée des secours.
Aujourd’hui, elle fait partie intégrante des programmes communautaires de réduction des méfaits, et de nombreuses vies sont sauvées chaque année grâce à son accessibilité.
Comment la naloxone agit dans le corps humain
Sur le plan biologique, la naloxone agit comme un antagoniste compétitif des récepteurs opioïdes, principalement les récepteurs mu (μ-opioïdes) situés dans le cerveau, la moelle épinière et le tronc cérébral.
Lorsqu’une personne consomme un opioïde (morphine, fentanyl, héroïne, codéine, etc.) :
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Les molécules se fixent sur ces récepteurs ;
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Cela ralentit la respiration, diminue la vigilance et produit une sensation d’euphorie ou d’analgésie ;
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En cas de surdose, le système respiratoire peut s’arrêter complètement, menant à une hypoxie (manque d’oxygène au cerveau).
La naloxone, administrée par injection ou par voie nasale, agit en quelques secondes à quelques minutes :
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Elle entre en compétition directe avec les opioïdes pour se fixer aux mêmes récepteurs ;
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Elle déloge rapidement les molécules d’opioïdes présentes ;
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Elle bloque temporairement leur action, rétablissant ainsi le contrôle normal de la respiration.
Son effet est toutefois de courte durée — environ 20 à 90 minutes, alors que certains opioïdes (notamment le fentanyl ou la méthadone) peuvent rester actifs beaucoup plus longtemps.
C’est pourquoi une personne renversée par la naloxone doit toujours être surveillée et prise en charge par les services médicaux d’urgence : une seconde surdose peut survenir lorsque l’effet du médicament disparaît.
Effets secondaires possibles
La naloxone est généralement sécuritaire, mais elle peut provoquer un syndrome de sevrage brutal chez les personnes dépendantes aux opioïdes :
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Sueurs abondantes ;
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Tremblements ;
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Douleurs musculaires ;
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Nausées ou vomissements ;
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Anxiété et agitation.
Ces symptômes, bien que désagréables, ne sont pas dangereux comparativement à une surdose non traitée.
Usage et accès au Québec
Toute personne de 14 ans et plus peut obtenir une trousse de naloxone gratuite dans une pharmacie participante.
Le pharmacien offre une courte formation pratique sur son utilisation et sur la reconnaissance des signes d’une surdose :
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Respiration lente ou absente ;
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Pupilles contractées ;
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Inconscience ou peau bleue.
En cas de doute, il faut toujours :
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Appeler le 911 ;
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Administrer une dose de naloxone (nasale ou injectable) ;
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Effectuer la réanimation de base si nécessaire ;
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Administrer une deuxième dose après 3 minutes si la personne ne réagit pas.
Un médicament essentiel à connaître
La naloxone a révolutionné la réponse aux surdoses d’opioïdes.
Elle est sûre, efficace, gratuite et peut être utilisée par tout témoin d’une surdose après une brève formation.
Son action rapide sur les récepteurs opioïdes fait d’elle l’un des médicaments d’urgence les plus importants du XXIᵉ siècle.
Apprendre à reconnaître une surdose et savoir comment utiliser la naloxone peut littéralement faire la différence entre la vie et la mort.
Pourquoi la naloxone ne doit PAS être incluse dans une trousse de premiers soins
Bien que la naloxone soit un outil de secours vital, elle demeure un médicament soumis à des conditions d’entreposage, d’usage et de formation précises.
Selon la réglementation québécoise sur les premiers secours et premiers soins (RLRQ, chapitre A-3.001, r. 10), les trousses de premiers soins en milieu de travail doivent être conformes à la norme CAN/CSA Z1220-17.
Or, cette norme interdit explicitement l’inclusion de médicaments (qu’ils soient en vente libre ou sous ordonnance) dans une trousse de premiers soins.
L’article 4 du règlement précise que :
« La fourniture et le contenu de ces trousses doivent être conformes à la norme Trousse de secourisme en milieu de travail, CAN/CSA Z1220-17 ».
Cette norme, adoptée par la CNESST, stipule que les trousses doivent contenir uniquement du matériel de premiers soins non médicamenteux, tel que :
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pansements, bandages, compresses, gants, antiseptique, etc.
Elle vise à éviter les risques liés à l’administration de substances médicamenteuses sans supervision médicale.
Ainsi, même si la naloxone sauve des vies, elle ne peut en aucun cas être incluse dans une trousse de premiers soins réglementaire d’entreprise, de chantier ou d’établissement.
Elle doit être entreposée séparément, sous la supervision d’une personne formée (ex. : infirmière, intervenant communautaire, agent de sécurité formé à la naloxone).
Position des autorités de santé et de la CNESST
Les autorités recommandent de former les travailleurs à reconnaître les signes d’une surdose et à utiliser une trousse de naloxone distincte, disponible à proximité des lieux à risque (ex. : hébergement, chantier isolé, milieu communautaire).
Mais elle ne doit pas être intégrée ni confondue avec la trousse de premiers soins réglementaire, laquelle est réservée aux soins non médicaux immédiats.
Conclusion
La naloxone est un médicament d’urgence essentiel dans la lutte contre la crise des opioïdes.
Elle peut sauver une vie en attendant les secours, mais elle ne doit pas être incluse dans une trousse de premiers soins régie par la CNESST et la norme CSA Z1220-17.
Les employeurs peuvent néanmoins rendre des trousses de naloxone disponibles séparément dans leurs installations et former le personnel à leur usage.
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Pour plus d’informations sur les premiers secours en milieu de travail et les exigences de la CNESST, vous pouvez également consulter le site web de la CNESST :